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The City of Blinding Lights

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Message  HannibalaTor Ven 11 Jan - 22:04

Salut les p'tits loups,

Voilà le début d'une nouvelle d'une cinquantaine de pages...
Je publierai la suite prochainement...


Oh, la douce mélodie de mon iPhone…
C’est bizarre, il a déjà sonné tout à l’heure… J’ai du appuyer sur « Rappel » au lieu de « OK »… J’ai la flemme de tendre le bras, mais il va bien falloir, sinon ça va sonner sans arrêt… Ah tiens non, ça s’arrête… Chic, je vais pouvoir roupiller encore. C’est dimanche après tout.
Ca recommence ! C’est étrange ça.
Allez, je tends le bras et je l’attrape pour le faire taire.
Surprise, ça n’est pas le réveil, c’est un appel de Jo. Jo, c’est comme ça que nous appelons un de mes frères depuis des années. J’ai complètement oublié l’origine de ce sobriquet, mais il est resté. Et cela semble convenir à tous.
Mais que me veut-il un dimanche matin, à 10 heures, c'est-à-dire au petit matin pour moi ?
- « Salut Olivier. J’espère que tu as bien dormi ».
- « Ben jusque là, oui », grogne-je en baillant…
- « Tu pars pour Hong-Kong demain, pour la semaine ».
- « Mais bien sûr ! Tu as bu ou quoi ? ».
- « Non non, tu pars voir Chang, notre correspondant local pour nos importations ».
Chang… Mais il me fait quoi là, « Tintin au Tibet » ?
- « Euh j’y vais en bateau ? ».
- « Arrête donc de faire l’enfant. Je passe cet après-midi t’amener tes billets, des dollars et te briefer ».
Je ne fais pas l’enfant. J’ai peur en avion, et tout le monde le sait dans la famille… D’ailleurs tout le monde sur Terre doit le savoir.
- « Mais c’est quoi cette farce Jo ? Moi je m’occupe du marketing, pas des achats. J’ai rien à aller faire là-bas ! ».
- « Arrête donc de grogner. Ca te fera du bien d’aller sur place, tu connaîtras mieux les produits, donc tu les marketeras mieux ».
Gna gna gna… Je les connais très bien les produits. Je me suis paluché les 2 000 fiches produits à la main pour le site web…
- « J’aime pas l’avion, j’irai pas ! ».
- « C’était pas une question, tu sais. Tu pars à Hong-Kong demain. Je passe dans l’après-midi te donner ce que je t’ai dit ».
Et voilà ce qui arrive quand votre frangin est votre patron… Il vous maltraite.

Bon, à part l’avion, j’ai rien contre l’idée d’aller à Hong-Kong moi. C’est vrai que 80% des produits « Made in France » y sont fabriqués, ou dans la Chine voisine. En France, on rajoute les étiquettes « Made in France » après avoir fait un peu de cosmétique sur l’emballage.
Je regarde tout de même sur le web, histoire de savoir ce qui m’attend là-bas, en-dehors de la statue de Bruce-Lee.
Mais c’est quoi cette folie ? C’est pas un aéroport là-bas, c’est une digue ! Leur satané aéroport a été construit sur une île artificielle… Les photos sont terrifiantes.
Je veux pas y aller ! Je vais barricader ma porte, Jo ne pourra pas entrer.
Enfin, je vais tout de même faire ma valise, parce que je sens qu’il va passer par la fenêtre de toute façon…

Le Jo arrive à 15 heures. J’ai renoncé à barricader la porte. Il sonne, je lui ouvre.
Il affiche un grand sourire, m’embrasse et me tape dans le dos. Je sens que juste après, il va me dire « Alors, heureuse ? ».
Il sort une grande enveloppe en kraft brun de sa veste et étale son contenu sur la table de la cuisine.
- « Voilà tes billets, tes dollars et quelques coordonnées. Tu as aussi un téléphone pour là-bas. Ca t’évitera de me ramener une salle note de frais si tu appelles avec le tien. Je t’ai chargé les numéros utiles sur place : Chang, une usine, 2 compagnies de taxi et ton hôtel ».
Mais il a tout prévu le fourbe… Cette fois je suis fait comme un rat.
- « Mais je ne parle pas chinois, comment je vais faire là-bas ? ».
- « Ben tu feras comme tous les Hongkongais, tu parleras anglais ».
Ah bon, ils parlent anglais à Hong-Kong ? Je croyais que depuis que c’était repassé sous la domination de l’Empire du milieu, ils leur avaient fait un lavage de cerveau et qu’ils parlaient tous le chinois…
- « Mais c’est qui ce Chang ? ».
- « Chang, c’est un de mes anciens associés quand je travaillais là-bas. Un mec super. Tu ne peux pas faire du business sur place si tu n’as pas un gars du coin. Il connait tout le monde qu’il faut connaître à Hong-Kong et te facilitera bien la vie ».
- « Ah ben si il pouvait me faciliter la vie en me téléportant là-bas, je te croirais… ».
- « Cesse de faire l’idiot… Termine donc tes bagages au lieu de dire des âneries. Ton avion décolle à 12 heures demain. Le taxi passe te prendre à 9 heures 30. Dors bien ce soir, et on se tient au jus quand tu es sur place ».
- « Ouais, si j’arrive vivant, ou si je ne m’arrête pas en faisant escale ».
- « Je t’ai pris un vol direct. Pas d’escale pour toi. Prends des magazines, tu en as pour 14 heures de vol. Air France te fournira l’oreiller ».
14 heures enfermé dans une carlingue en métal à 10 000 mètres d’altitude… Il a perdu la raison mon Jo… Et je n’aurai pas besoin d’oreiller, je vais angoisser pendant 14 heures et manger mon fauteuil.
Et là j’ai une révélation extraordinaire !
- « J’ai pas de visa pour Hong-Kong, je ne peux pas partir ! ». Je savoure mon triomphe.
- « Pas besoin de visa quand tu es ressortissant de la CEE et que tu restes moins de 3 mois. Pas de bol hein ! Juste besoin d’un passeport en cours de validité ».
- « Euh oui mais les vaccins ? ». [Je tente mon ultime chance].
- « RAS de ce côté-là. Tu vas à Hong-Kong, pas au fin fond de l’Amazonie ».
Damned, je suis coincé…
- « Ok, Alea Jacta Est alors… ».
Nous nous embrassons de nouveau et Jo quitte mon appartement. J’ai l’impression qu’il vient de me faire le « baiser de la mort » dont ils parlent dans les films de mafieux…

Je suis retourné sur le web voir comment il faut s’habiller là-bas. J’ai regardé la météo, apparemment c’est la saison des pluies en ce moment, là-bas. Ca promet. Si je ne me noie pas dans leur aéroport à la con, je vais me faire rincer dans leurs rues.
Bon, on va rajouter un k-way alors…
J’appelle le fiston pour lui que je pars plusieurs jours à Hong-Kong, et que nous ne pourrons pas nous voir mercredi. J’hésite à lui dire que j’ai peur de mourir dans l’avion, également.

Lundi matin, 7 heures. Sonnerie du iPhone.
J’ai super mal dormi cette nuit. J’ai rêvé que le pilote de l’avion, c’était le même que celui du film « Banzaï », avec Coluche, et qu’il voulait faire Pearl-Harbour 2 – le Retour.
Bon, j’ai le temps avant que le taxi n’arrive. J’ai envie de prendre un valium, mais j’ai peur que si je prends une vodka dans l’avion pour oublier mes malheurs, je n’ai l’air d’un zombie en passant les douanes sur place et que j’aie droit à une fouille au corps.
Allez, je prends de l’euphytose. Y a que des bonnes choses dedans, et c’est pas incompatible avec la vodka.
9 heures 25, mon téléphone sonne. C’est le chauffeur de taxi, il m’attend en bas. J’ai espéré pendant un moment que le chauffeur de taxi mangerait la course. J’aurais eu une super excuse…
Je boucle ma valise, mon sac de voyage. J’embrasse la photo du fiston, ma peluche de Tigrou, et je regarde mon appartement et lui dis « A bientôt », histoire de me donner un peu de courage. Ca n’a aucun effet. J’ai envie de pleurer !
Je monte dans le taxi, qui sait déjà qu’il doit m’emmener à Orly. Je suis sûr que Jo lui a dit de condamner les portes pour que je ne saute pas en route.
- « Alors où allez-vous comme ça ? », me demande-t-il ?
J’ai bien envie de lui dire « Ben à l’aéroport, grand couillon », mais comme je sens que je vais vivre la semaine de la lose, je minimise les risques.
- « A Hong-Kong, à un enterrement ».
- « Oh désolé… C’était un proche, pour que vous alliez si loin ? ».
Je ne sais pas si il réalise combien la phrase est amusante : un « proche » et « aller si loin »… Si il était proche, je ne vois pas pourquoi je devrais aller loin !
- « Oui, je vais à mon enterrement ».
Là il m’a regardé bizarrement, et ne m’a plus rien dit jusqu’à Orly, à part le prix de la course.
Nous nous quittons sur ces paroles très factuelles. Comme aurait dit le regretté Thierry Roland « Nous ne passerons pas nos vacances ensemble ».

J’arrive pour l’enregistrement. Je remets ma valise, une larme à l’œil. Nous reverrons-nous un jour, chère valise ?
Je garde mon sac de voyage en bagage à main. J’aurais adoré pouvoir y mettre un parachute et un canot de sauvetage.
Je file au kiosque et me prends une bonne pile de magazines, une bouteille d’eau, des friandises, 2 paquets de kleenex au cas où je pleurerais trop une fois en l’air, et des chewing-gums. Après je vais m’acheter des clopes. Je me rends ensuite dans le hall d’attente, m’assieds, puis feuillette nerveusement un des magazines. J’ai pris soin de vérifier qu’aucun d’entre eux ne parlait de crash en avion.

Ca y est, c’est l’heure de l’embarquement. J’ai le sentiment de savoir ce que ça fait d’être un taureau qui entre dans l’arène. Le matador, c’est l’Airbus !
Bon, j’ai embarqué. L’avion va décoller dans quelques minutes. C’est le moment que je préfère quand je prends l’avion. Enfin c’est le seul moment que j’aime bien, pour tout dire ! Et l’ouverture des portes quand l’avion a enfin atterrit.
Les hôtesses et les stewards effectuent la fameuse chorégraphie de YMCA, pour nous expliquer comment quitter l’avion en cas d’urgence. Super. C’est une menace ou une promesse ?
C’est vrai que c’est sympa les décollages, côté sensation. Ca pousse aux fesses, c’est impressionnant. Maintenant, c’est partit pour 14 heures de calvaire.
Je regarde mon voisin de droite; c’est un petit vieux. A gauche, j’ai un type en costume cravate ; on dirait un VRP vendeur d’aspirateurs. J’hésite à entamer une conversation. D’un côté, je suis plutôt sociable d’ordinaire, et puis 14 heures sans parler, c’est long. De l’autre côté, j’ai peur que l’un de mes deux voisins ne soit un ancien combattant des longs courriers et me raconte qu’il a failli mourir plusieurs fois en allant à Hong-Kong.
Je me la joue sauvage. Je ne vais pas discuter avec eux, tant pis.
Je tâte machinalement mes poches. A priori tout est en place : passeport, pognon, portefeuille, kleenex, chewing-gums, clopes, mes 2 téléphones… Et mon cœur qui bat à 150 à l’heure. Je mets le masque ; je vais roupiller. Enfin je vais essayer.
Je ne sais pas trop si je me suis endormi ; toujours est-il qu’une hôtesse passe pour nous demander ce que nous allons manger. Je regarde ma montre ; je n’ai pas du dormir, ou alors vraiment vite fait, parce que ça ne fait pas 10 minutes que j’ai mis mon masque.
- « Que désirez-vous Monsieur ? », me demande-t-elle gentiment ?
Euh moi ce que je veux c’est sortir de l’avion… C’est possible ?
J’ai l’estomac noué. Je n’ai pas faim.
- « Que proposez-vous ? ».
Elle m’annonce les différents plats… Je tranche pour un truc léger, ou supposé comme tel.
L’hôtesse repasse dix minutes après avec le chariot repas. Elle sert mes voisins ainsi que moi.
C’est le repas du condamné, ne puis-je m’empêcher de penser…
Je laisse la moitié du repas, d’une part parce que je ne le trouve pas bon, et d’autre part parce que mon estomac fait la grève.
Je remets mon masque.
- « Désirez-vous un digestif ? ».
Vais-je parvenir à dormir dans ce fichu avion ?
- « Oui, une vodka je vous prie ». J’ai même envie de lui dire « Un baril de vodka ».
N’empêche, il est sympa Jo. Il m’a pris un billet en classe affaires. C’est tout de même plus sympa. Je pense à ma valise : elle est dans la soute, elle.
Je siffle ma vodka et tousse. C’est bon mais ça pique.
Je remets le masque et fais des incantations à Saint-Dodo, que je viens de proclamer Saint Patron des dormeurs.
Je me réveille en raison de secousses assez brusques. Le commandant de bord nous annonce que nous traversons une « zone de turbulences ». Tu m’étonnes ! Je regarde ma montre. Miracle, j’ai dormi 2 heures. Merci Saint-Dodo !
Je me demande où nous sommes. Enfin je veux dire dans quel espace aérien quoi… Pologne ? Russie ? Je ne sais même pas par où il passe l’avion, moi. Si ça se trouve nous sommes bien plus bas. De toute façon, à cette altitude, je vais avoir du mal à distinguer les panneaux autoroutiers… Mais ça occupe l’esprit de penser à ce genre de trucs.
J’implore de nouveau mon copain Saint-Dodo, mais cette fois, il ne donne pas une suite favorable à ma requête. Si ça se trouve il s’est endormi, et n’a pas été réveillé par les secousses.
Ca tremble vachement tout de même. Je regarde autour de moi, histoire de voir si les passagers sont tous tendus. Apparemment non. Ils doivent avoir l’habitude. Moi je ne m’y ferai sans doute jamais. Je t’en foutrais moi des « turbulences »… Ca rime avec « ambulance », tiens…
Je prends un magazine et me plonge dans un article passionnant sur les « subprimes » aux USA. C’est fou tout ce qu’on apprend. Et c’est fou ce que les grandes banques ont comme imagination pour monter des produits financiers véreux qu’elles se refilent les unes aux autres et refilent ensuite à plus couillons qu’elles. Je ne comprends pas tout, mais c’est clair que ça sent l’enfumage bien préparé, cette histoire. Bon, c’est chiant et c’est déprimant, les subprimes.
Je prends alors mon magazine culturel préféré : Moto-Revue !
Ah, ça c’est de la bonne info. Y a des jolies photos, des tas de renseignements précis, des essais. Bon, on a tout de même le droit à pas mal de pubs, dont certaines sont franchement débiles… Mais il y a aussi des beaux blousons. J’en ai repéré un magnifique. Faudra que j’aille en essayer un quand je serai de retour. Ah tiens, je pense que je vais revenir. Ca doit être l’ivresse de l’altitude ! Ou la vodka. Je comprends pourquoi les slaves en boivent autant, si c’est aussi efficace contre la morosité.
Il y a un très joli reportage sur le Tour de Corse à moto. Ca a l’air magnifique. Puis la Corse, je peux y aller en bateau… Pas obligé de prendre l’avion. Ca y est, j’aime la Corse.
J’ai les yeux qui piquent. Je crois que je vais roupiller de nouveau. Je pose mon magazine dans la tablette repliée, et je reprends mon masque. Ca fait un peu « loup » comme au carnaval de Venise. Sauf que ça empêche de voir.

« Please fasten your seatbelt »…
Oh oh, ça sent l’atterrissage imminent ça. J’enlève mon masque, et j’entends tout plein de « clic ». J’ai bien dormi pendant plus de 8 heures. Enfin presque. Je me suis réveillé plusieurs fois, parce que j’avais mal au cou. J’ai la nuque en vrac, j’ai un peu bavé et certainement pas mal ronflé, à en juger par l’air soulagé de mes voisins, lorsqu’ils constatent que je me réveille.
Je prends machinalement un chewing-gum, afin de minimiser le syndrome dit de « l’haleine de phacochère », syndrome survenant après un repas sans brossage des crocs et sieste prolongée. Puis ça aide à déglutir durant la descente de l’avion. C’est tout bénéf’. J’ai tout de même un peu mal aux oreilles. Je suis un petit être sensible.
Ca y est, je commence à voir la ville. Y a tout plein de buildings, c’est fou ça. J’ai vu sur un site en effectuant mes recherches sur leur aéroport de la mort que Hong-Kong était la ville du monde qui comportait le plus de buildings. Ca a l’air très vrai, vu d’ici.
J’ai zappé toutes les annonces radio du commandant et de son staff, mais là je suis catégorique, nous allons atterrir très bientôt.
Notre carlingue de métal ralentit sévèrement, la descente est rude.
Mon Dieu, c’est quoi ce paysage ?
A ma droite, des buildings. Si le pilote se foire, c’est le 11 Septembre bis.
A gauche, la mer. Devant, la mer. Si le pilote se foire, c’est Yellow Submarine !
Non mais ils sont cinglés d’atterrir comme ça…
Je me cramponne à mon fauteuil. Je me visse dedans. J’empoigne les deux accoudoirs et les serre de toutes mes forces. Tiens c’est bizarre, y en a un des deux qui est plus mou que l’autre…
- « Monsieur, vous êtes en train de m’écraser le bras », me lance mon voisin de droite.
Oups, c’est pour ça que cet accoudoir était mou… C’est le bras de mon voisin…
- « Désolé, je suis très nerveux en avion… ».
- « Je comprends, mais si maintenant vous pouviez lâcher mon bras… ».
Ah ben oui tiens.
L’avion se pose sur le tarmac… Je suis super soulagé. Enfin pas longtemps. Parce que moi ce que je vois par le hublot, partout autour, c’est que nous longeons la mer, et ma mémoire me permet de me souvenir que devant, c’est la mer également.
Bon, c’est officiel, dans quelques secondes, cet Airbus va se transformer en boîte à sardines géante. Et les sardines, c’est nous. Ce soir les requins vont bouffer de la sardine humaine. Je ne veux pas finir comme une sardine. J’ai envie de hurler au pilote « Mais freine donc, triple buse ! ».
Je vois défiler plein d’images dans ma tête. Tous mes regrets aussi :
- Je ne vais pas revoir mon fiston chéri,
- Je ne connaitrai pas mes petits-enfants,
- Je n’irai jamais à l’Opéra,
- Je ne ferai pas le Tour de Corse en moto,
- Je ne toucherai pas ma prime de fin d’année,
- J’aurais du dire à Stéphanie Ruelle que j’étais amoureux d’elle quand j’étais en 3ième,
- Et j’en passe…
L’avion ralentit, je sens le freinage ; je cherche le bouton du siège éjectable…
Ce damné coucou s’immobilise enfin. A priori sur le tarmac. Ouais super, je vais pouvoir vivre encore plein de trucs. J’y crois pas, j’ai survécu !
Les hôtesses et stewards font leur job et nous expliquent comment sortir de l’avion, au cas où certains d’entre nous voudraient sauter par les hublots. Les passerelles se sont présentées. Les écoutilles du Yellow Submarine s’ouvrent. Nous défilons devant l’équipage. J’ai envie de tous les embrasser.
Je quitte enfin cet appareil, mais je sais qu’il sera là pour le retour… Je préfère ne pas y penser.
Je regarde une horloge, histoire de savoir quelle heure il est sur place. Ah ben ça c’est rigolo. Il est 8 heures du matin. Je pars à 12 heures, j’arrive à 8 heures, après avoir volé 14 heures. On croirait un sketch de Raymond Devos… Mon horloge biologique me dit quant à elle qu’il est 2 heures du matin. Mais je règle mon iPhone et mon autre téléphone sur l’heure locale. D’ailleurs l’iPhone semble s’être mis à l’heure tout seul. Les nouvelles vont vite ma foi.
Formalités de débarquement et tout le tra la la. C’est assez long, mais ça se passe bien. Après ce que je viens de vivre, je n’en suis pas étonné. Mais ça a bien duré une grosse demi-heure.

Amitiés,

Hanni / Olivier flower
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Message  Nigel Loring Sam 12 Jan - 16:11

Sympa le début, moi aussi j'attends la suite avec impatience :p

Nigel Loring

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Message  HannibalaTor Lun 21 Jan - 0:15

Salut les p'tits loups,

Voici la suite (^^)

Je suis maintenant dans le hall d’arrivée. Je sors mon téléphone confié par Jo et cherche le nom de Chang dans le répertoire. J’envoie l’appel. Chic, il répond :
- « Hi Olivier. Where are you? ».
Super je parle chinois, j’ai tout compris ! J’ai envie de lui dire que je suis près de mon téléphone, mais je ne suis pas sûr de savoir faire des blagues en anglais…
- « Hey Chang. The plane just landed. I’m at the airport, and I’m gonna call a taxi ».
- «A taxi? What the hell? I’m gonna pick you up. Jo gave me your arrival time. I’m at the airport too. Give me five minutes and I’m there ».
Ah ben si il est there dans 5 minutes, je vais attendre…
Je sens une main me taper sur l’épaule quelques minutes après. Je me retourne et vois un bonhomme avec une bonne tête. Il doit avoir entre 25 et 30 ans.
- « Hey Olivier. Nice to meet you ».
Mais comment m’a-t-il reconnu ? Jo a du lui envoyer ma photo, c’est pas possible… Je ne suis pas le seul Européen ici…
- « Hi Chang. Nice to meet you. How did you know it was me? ».
Et là il me montre ses cheveux… Je n’ai pas tout compris…
- « Your long grey hairs »…
Ah ben oui, forcément. Jo lui a EN PLUS décrit ma crinière grise. Là je comprends mieux.
Il m’explique que sa voiture est garée dans un des parkings de l’aéroport. J’ai du regarder trop de films hongkongais, j’ai cru qu’il roulait en triporteur.
Nous allons récupérer ma valoche, et nous rendons ensuite au parking.
En sortant du hall, j’ai un doute soudain. Il a l’air super isolé, une fois qu’on est en bas, l’aéroport.
Chang m’explique que l’aéroport de « Hong-Kong » n’est pas à Hong-Kong, mais sur une île, située à environ 30 kilomètres de Hong-Kong.
J’allume une cigarette pendant que nous rejoignons sa voiture. Ca fait du bien. 16 heures sans fumer. C’est pas possible ça.
Ah ben il ne s’embête pas le Chang, il a une Mercédès… Et pas une daube en plus…
Nous montons et il me demande si je veux aller d’abord à mon hôtel.
- « Sure thing, I would kill for a shower ».
D’ailleurs j’ai bien l’impression que si je n’en prends pas une, je vais tuer les autres. J’ai sué comme un ours dans cette maudite carlingue. En plus il fait une chaleur étouffante dehors, avec un taux d’humidité qui me fait penser un bref instant que je suis dans un hammam.
Je n’ai même pas à lui indiquer l’adresse, il la connait déjà.
Il nous faut 30 minutes pour arriver à la ville à proprement parler.
Nous traversons maintenant une partie de celle-ci. C’est vraiment fou ça. Hong-Kong, pour ce que j’en vois pour le moment, c’est un mélange indescriptible de vieilles baraques, de buildings, de magasins en tous genres. Puis on roule à gauche. La circulation est dense. Un vrai bazar. Mais il s’en sort bien le Chang.
D’ailleurs il faut que je lui dise un truc. Chang, ça me fait penser à Tintin au Tibet, et j’ai toujours trouvé dérangeante cette amitié « particulière » qu’avait Tintin avec les jeunes garçons. Je vais lui trouver une excuse bidon et lui demander si je peux l’appeler Jackie. Ca n’est pas très poli de faire ça, mais là je ne peux pas…
- « Chang, do you mind if I call you Jackie? No offense, but I’m not very comfortable with your name, because of an old story ».
- «No problem mate, I like Jackie, it makes me think of Jackie Chan. I like him! ».
Bon, ça c’est fait. Coup de bol tout de même.
Jackie le nouvellement baptisé me pose devant un petit hôtel. Moi j’imaginais un truc classique genre Sofitel… Ca ressemble plus à un hôtel de passe qu’à autre chose, de luxe, certes, mais à un hôtel de passe quand même…
Jackie se gare et m’aide à porter mes bagages.
- « I’m going to wait you. I will go to the hotel’s bar. Take the time you need, don’t bother with that, I will wait ».
Je me présente à ce qui fait office de réception pendant que Jackie file vers le bar, et je demande mes clefs. Enfin ma carte. C’est donc un hôtel moderne, déguisé en vieil hôtel de passe. Ca doit être un truc typique.
Je me rends au second étage et trouve ma chambre. Ca va, c’est clean et plutôt moderne.
Je pose ma valise et mon sac, puis file me doucher.
Je regarde l’heure sur mon téléphone ; Il est 10 heures 30, heure locale.

Rah ça fait du bien. Je m’allonge sur le lit, assez confortable, le temps de finir de me sécher.
Je m’habille ensuite et me dis qu’il est peut-être temps d’appeler Jo. En même temps, il doit être tôt à Paris. J’ai trop la flemme de faire le calcul, mais si ça se trouve, il fait nuit encore… Bah, m’en fous, il n’avait qu’à pas m’envoyer à Hong-Kong d’abord.
- « Salut Olivier, bien arrivé ? ».
Merde alors, il ne dormait pas…
- « Euh ouais. Je te déteste, mais je t’aime quand même. Bon, je suis à l’hôtel là. Il est un peu bizarre ton hôtel je trouve, mais la chambre est confortable. Chang, que j’ai rebaptisé Jackie, m’attend en bas au bar. Quelle heure est-il à Paris, à part ça ? ».
Jo a rit quand j’ai parlé de l’hôtel… C’est louche.
- « Il est 4 heures 30 ici. Ne laisse pas Jackie trop attendre au bar… Aujourd’hui, il va te faire voir un peu la ville et te laisser te reposer. Les choses sérieuses commencent demain ».
Ah ben non, les choses sérieuses ont commencé dès que j’ai eu des sueurs froides en passant entre le 11 Septembre et Yellow Submarine…
N’empêche il est 4 heures 30 à Paris… J’ai honte…
- « Euh désolé pour l’heure tardive… Tu dormais ? », lui demande-je avec un air mi-innocent, mi-honteux…
- « Non. Je bosse. Faut bien que je paye tes frais pendant que tu prends du bon temps à Hong-Kong ».
Du bon temps ? J’ai failli mourir dans cet avion !
- « Euh bon courage alors… On se rappelle demain alors. Enfin mon demain à moi quoi. Je t’embrasse ».
- « Super, à demain. Je t’embrasse ».
Au moment de descendre, mon corps me rappelle que ça fait un peu plus de 20 heures que je suis debout. Je ne suis pas jet-laggué : je suis jet-largué. Va falloir que je dise à Jackie que je vais juste manger un morceau et remonter roupiller. Il est 11 heures.

Je préfère prendre les escaliers pour descendre. Ca me donne l’impression que je ne suis pas qu’une larve, même si mon état du moment me le laisse penser.
C’est curieux, j’ai croisé au moins 3 papys au bras de superbes filles qui ne doivent pas avoir plus de 20 ans. J’espère vieillir à Hong-Kong !
Je rejoins Jackie au bar. Il est entouré de plein de monde, dont un paquet de sosies des filles que j’ai croisé au bras des papys dans l’escalier. Puis d’autres messieurs, Asiatiques et Européens. Il parle à voix haute, les filles rient. Il a l’air de bien connaître l’endroit le Jackie.
- « Olivier, take a sit and come on ».
J’ai pas envie de m’asseoir moi, j’ai envie de m’allonger. M’enfin si Jackie doit être mon guide, je ne vais pas faire le malpoli.
- « Thanks Jackie. Just to tell you, I’m really tired. Would you mind if we have a kind of lunch, and then I go to sleep? ».
- « No problem mate. Take a drink ».
Prendre un drink ? J’espère qu’ils servent de l’eau, parce que là mon Jackie il tourne au cognac. Je regarde les étagères. Miracle, il y a de l’eau.
- « A bottle of water please », dis-je à la charmante barmaid.
Là j’ai l’impression que le temps s’est arrêté. Jackie et ses copines me regardent bizarrement… et éclatent de rire. « Rigolo », ça doit venir de Hong-Kong ; ça devait se dire « Rigole eau »…
- « Ok hun, let’s go for a bottle of water for Olivier », dit-il à la barmaid.
Ah ben il a l’air de bien la connaître pour l’appeler « honney »… Ou alors le Hongkongais est super affectueux.
Jackie et ses copines parlent un peu en anglais, un peu en ce que je suppose être du chinois. J’aime mieux ne pas savoir ce qu’il leur dit quand il parle chinois, parce qu’à chaque fois elles explosent de rire.
Je siffle ma bouteille d’eau presque aussi vite que Jackie fait disparaître son 3ième cognac.
Je lui montre mon ventre qui crie famine, et il comprend de suite. Parce que là ça fait une bonne demi-heure que nous sommes assis au bar. J’ai faim et envie de dormir. Il se lève, laisse quelques dollars sur le bar et fait un gros smack à chacune des filles. Ma parole, quel tombeur ce Jackie… Et chacune des filles s’approche de moi et m’en fait un également. Ca y est, j’adore cette ville !
Nous reprenons la voiture de Jackie, et il me demande ce que j’aimerais bien manger. Me voilà bien embarrassé (après avoir été bien embrassé). Si je lui dis que je veux un steack/frites, je me dis que ce n’est pas gagné.
- « Something hot, light and good. And fast ».
- « Great. I know exactly where I’m going to bring you».
Nous roulons une demi-heure dans ce grand capharnaüm et nous éloignons de la côte.
Nous nous enfonçons dans ce que je suppose être le « vieux » Hong-Kong ». Il y a toujours des buildings, mais un peu moins tout de même là où nous sommes maintenant. Le quartier dans lequel nous nous garons est bondé de monde, circulant principalement à pied.
- « We’re going to park the car here. No way to go in car there. Let’s walk a bit ».
J’ai pas trop envie de walker, mais j’ai super faim tout de même. J’emboîte le pas de Jackie.
J’hésite à qualifier l’endroit dans lequel nous nous trouvons de « rue », mais tout ce que je peux dire, c’est qu’il y a plein de monde et de petites échoppes. On croirait un mélange du marché aux puces, du souk et d’une galerie marchande.
Je vois Jackie se poser sur une chaise, près d’une table, le tout situé sur ce qui s’apparente à une terrasse. Ca sent super bon.
- « This is one of my favourite place. I’m eating there 3 times a week, at least ».
Ben moi là, une fois ça va me suffire pour le moment.
Je lui demande ce qu’il y a à manger.
- « Noodles ».
Des nouilles ? J’ai fait 14 heures d’avion et je vais manger des nouilles.
- « Noodles… with some meat? ».
- « Sure mate. Beef, chicken, pork, whatever you want ».
Ah ben va pour du chicken.
- « Ok, let’s go for some chicken ».
Jackie se lève et va voir une vieille dame affairée devant une batterie de woks et revient, avec deux bouteilles de bière chinoise.
- « Cheers Olivier ».
- « Cheers Jackie ».
Punaise, je ne sais pas si c’est une impression, mais je trouve que Jackie il picole pas mal… Bon, moi j’ai digéré ma vodka, je veux bien pour la bière. Pas mauvaise d’ailleurs. Rien à voir avec le peu de bières que j’ai l’habitude de boire, mais pas mal du tout.
5 minutes après, la vieille dame nous amène deux bols fumants et bien remplis, avec un grand sourire. Et deux paires de baguettes. J’ai bien fait de m’entrainer quand j’étais adolescent.
- « Have a nice meal, mate ».
Ayant déjà commence à prendre une bouchée, je lui lâche, un peu confus, un :
- « Chanks, you too ». Allez dire merci convenablement quand vous avez la bouche pleine…
La vache, mais c’est super bon. Y a plein de trucs que je ne parviens pas à identifier, et pour tout dire je ne sais pas trop quand je mange un morceau de poulet, mais c’est vraiment très bon. J’avais dit léger, mais je mange tout, tel un glouton, tout en sirotant ma bière bien fraîche.
Jackie a déjà enquillé deux bières et lessivé son bol.
Il retourne voir la vieille dame et lui laisse quelques billets, puis la salue. Je fais de même, et elle nous retourne un grand sourire et un salut de la main.
- « Did you like? », me demande Jackie.
Sure que j’ai liké, c’était super bon. Je ne veux juste pas savoir tout ce qu’il y avait.
- « Yes Jackie, it was really good, thanks a lot ».
- « Now I’m going to bring you back to your hotel and let you take some rest ».
Alors que nous roulons vers l’hôtel, je ne peux m’empêcher de poser quelques questions à Jackie, rapport aux papys et à leurs jeunes « amies », ainsi qu’à ses nombreuses copines du bar.
- « Jackie… Just a question regarding to the hotel… Am I wrong or would it be a kind of brothel? ».
Jackie éclate de rire et me répond :
- « This is my uncle’s hotel ».
Zut alors… J’ai fait une gaffe… Il va me maudire… Je rougis comme une tomate…
- « And yes for sure, this is a brothel ». Et là il rit de plus belle.
Je suis sûr que Jo savait parfaitement ce qu’était cet hôtel. Non mais quel nigaud tout de même… Je n’ose pas demander à Jackie dans quel type de business trempe son brave tonton.
J’ai envie de fumer. J’aime bien fumer après avoir mangé. Je demande à Jackie si je peux fumer dans la voiture.
- « No problem mate », me dit-il en me tendant un paquet de cigarettes.
Je sors mon paquet. Je décline son offre, je fume des menthol, et lui en propose une à mon tour. Alors qu’il la prend, il appuie sur un bouton, et le toit s’ouvre.
- « No rain today ».
C’est drôle, de la manière dont il a dit ça, j’ai pensé à la chanson « No milk today », des Herman’s Ermit.
Il me tend un briquet métallique de belle facture et allume ma cigarette, puis la sienne. Et ouvre les deux fenêtres. J’ai bien fait d’attacher mes cheveux, sinon je serais en train de fumer une clope au menthol et aux cheveux.
Nous arrivons à l’hôtel. Jackie s’arrête et me dit qu’il repassera me prendre ce soir vers 21 heures. Il est 13 heures 30, ça me laisse le temps de dormir un moment.
En entrant dans le hall, je vois de nouveau pas mal de messieurs, pas tous très jeunes, avec à chaque fois une jolie fille à leur bras. J’y crois pas, tout de même. Quel coyote, ce Jo…
Je remonte dans ma chambre et m’affale sur le lit. Je règle mon réveil sur 20 heures 30, histoire d’avoir le temps de me rafraîchir avant que Jackie ne revienne.
Je m’écroule dans les 2 minutes qui suivent, et je rejoins Morphée.

Mon réveil sonne. J’ai bien récupéré. Avoir dormi tant bien que mal dans l’avion et avoir mieux dormi ici m’a fait beaucoup de bien.
Je reprends une douche, ça va parfaire mon réveil.
Je me rhabille et descends, de nouveau par l’escalier. Toujours le même manège dans les couloirs et l’escalier.
Il est 20 heures 55, et je retrouve Jackie, entouré de son harem, au bar. J’ai peur qu’il ne me propose un drink. En fait non. Il pose un verre sur le comptoir, refais des smacks à toutes ses copines, qui m’en refont un. C’est un pays de fous.
Il fait chaud et humide dehors. C’est bien les climatisations dans les hôtels, mais la sortie est traitre. Et je me demande bien où Jackie va me trainer ce soir.
Nous roulons une demi-heure (ça doit être le forfait trajet à Hong-Kong) et arrivons dans un endroit qui ressemble à… un endroit plein de bars.
Nous posons la voiture à quelques encablures de là et rejoignons à pied le quartier tout plein de bars devant lequel nous venons de passer.
Alors que je sors de la voiture et prends mon paquet de cigarette pour fumer, Jackie me tend le sien.
- « It’s my turn mate, pick one ».
Bon ben alors puisque c’est son tour… Je prends une cigarette, et il me tend de nouveau son joli briquet.
Punaise ! Je crache mes poumons ! Elles sont fortes leurs clopes…
Jackie rit. Bon, je vais la finir. Mais sur ces paquets là, ils devraient écrire « Fumer ces trucs vous arrache les poumons ».
Je récupère mes deux poumons, tombés sur le trottoir, et m’arrête un instant. Je vois Hong-Kong de nuit. C’est super beau. Les enseignes en néon des bars, les buildings illuminés un peu plus loin. The City of Blinding Lights. C’est vraiment ça.
Jackie prend mon bras et m’entraine dans un bar. Il y a pas mal de monde qui fait la queue à l’entrée. Et 2 molosses à la porte. J’ai l’impression d’être avec Moïse : la foule s’écarte et nous laisse passer. Les 2 molosses saluent Jackie, et son invité par la même occasion, et nous ouvrent les portes.
C’est un très joli établissement, plutôt « classe ». Un genre de piano bar, avec une belle scène, de jolies tables rondes et larges, et des fauteuils accueillants.
La musique est feutrée. Il y a un peu de tout : de la pop anglaise, du rock, des chansons que je suppose « chinoises ». Et tout cela s’enchaîne fort bien.
- « Let’s go there », me dit Jackie en me montrant une table.
Nous nous posons juste là où il dit. Une charmante hôtesse vient nous voir et nous tend des cartes, après avoir embrassé Jackie. Et moi que dalle !
Je regarde la carte et cherche les eaux minérales. Sauvé, il y en a.
La jeune femme revient après que Jackie lui ai fait un signe.
- « What would you like Olivier? », me demande Jackie.
Ah ben moi de l’eau hein…
- « A bottle of spring water, please »
L’hôtesse note sur sa tablette, et ne demande même pas à Jackie.
Elle revient deux minutes après avec un verre de cognac pour Jackie, et une bouteille d’eau minérale plate pour moi.
Sur la scène, un groupe prend place, avec une chanteuse. Ravissante, d’ailleurs.
Je me dis « Ca y est, je vais avoir droit à des chansons de mangas ! ».
Grosse erreur… Le piano démarre une mélodie chère à mes oreilles, et la chanteuse s’attaque à « Yesterday Once More », des Carpenters. J’adore Les Carpenters. Karen avait une voix extraordinaire. Il va falloir être à la hauteur, mademoiselle !
Et bien elle l’est. Je n’aurais pas imaginé ça, parce que ça n’est vraiment pas facile de bien rendre hommage à Karen. Elle a vraiment une voix magnifique. Douce, sirupeuse, mais pas trop. Un peu fragile, et forte à la fois. Comme Karen.
Le groupe enchaîne quelques titres de pop anglo-saxonne. C’est bien fait, les mecs sont vraiment bons, et la chanteuse assure formidablement.
Jackie enchaîne sur un autre cognac.
Je regarde les autres tables. Il y a essentiellement des Asiatiques, quelques Européens. Des gens plutôt aisés, si j’en juge à leurs vêtements et à leurs montres rutilantes. Il doit y avoir 2 Rolex au mètre carré.
Après avoir applaudit entre chaque titre, et alors que le groupe quitte la scène, je note une certaine agitation. Jackie m’explique :
- « Now it’s karaoke time! ».
Du karaoké ? J’espère qu’il ne compte pas sur moi pour aller chanter !
Différents clients défilent alors sur la scène, enchaînant chanson sur chanson. Ils choisissent chacun un morceau. La banque de musique semble être très étendue. Beaucoup d’entre eux chantent plutôt pas mal. Vraiment bien même pour certains.
L’ambiance est sympathique. Bon, ça picole pas mal. Surtout du cognac. Mais les gens se tiennent, et j’ai bien repéré d’autres molosses dans la salle, qui remettent à mon avis assez rapidement de l’ordre quand ça déborde. Ce qui n’est pas le cas.
Jackie me prend par le bras et me dit :
- « Let’s go mate, now it’s us on stage ».
J’y crois pas… Il a osé…
Je suis pétrifié. Me voilà jet-laggué, à 10 000 bornes de chez moi, ou genre, dans The City of Blinding Lights, avec un Jackie qui carbure au cognac, et là je vais devoir me ridiculiser en public…
Je crois bien que je suis coincé… Je consulte l’écran tactile et me demande ce que je vais pouvoir choisir. La fuite n’étant pas une option.
Je finis par trouver « Let it Be » des Beatles. Je la chante souvent sous la douche. Ben on va s’imaginer que je me douche devant une centaine de personnes, penser fort à la France et prier pour qu’il n’y ait personne que je connaisse dans la salle.
La musique démarre, ça va être un massacre…
Jackie se lance, je reste muet. Il me met une petite tape sur l’épaule et me fait un clin d’œil. Ca y est, le piège se referme !
Je commence à chanter. Ben finalement, ça sort, et pas trop mal. J’arrive à me laisser entrainer par Jackie et la musique, puis sans doute les vapeurs de cognac. Le « public » ne siffle pas.
La bande musicale se termine, et Jackie est super content. Il me fait un grand sourire et me prend dans ses bras. Les autres clients applaudissent poliment.
Je n’en reviens pas : je me suis éclaté à faire ça !
Nous passons encore deux bonnes heures ainsi, dans une ambiance fort agréable. Je suis impressionné par le nombre de cognacs que Jackie a pu siffler.
Pendant ces deux heures, Jackie m’expose le programme des jours à venir :
- « Let’s talk about business Olivier. Tomorrow, we will go to our office, and I’ll introduce you to the team. Wednesday, we’ll visit a first factory. Actually this is our main supplier. This one is really strategic for us. Thursday, we’ll visit another factory. Not as important as the first one, for the moment, but we got some opportunities to develop some new ranges of products with them. Then on Friday, we’ll pay a visit to the port, in order that you can have a better idea of the way we are shipping products from there ».
Bon, je fais le compte… Tomorrow, c’est Tuesday. Wednesday et Thursday, c’est vu. Friday aussi. Mais je fais quoi Saturday moi ? Parce que mon vol retour il est pour Sunday…
- « Great Jackie. I’m happy with this schedule… But what about Saturday? ».
- « Saturday will be a day off. If you like, I will drive you to do some tourism ».
- « It’s all good for me ».
Nous ressortons vers minuit 30. J’ai passé une super soirée.
Mais il est temps de rentrer à l’hôtel, parce qu’il va falloir être frais demain.

Ce soir là, j’ai compris assez vite un truc. Le Hongkongais aisé à 3 passions : le cognac, les femmes et le karaoké.

Jackie me ramène à l’hôtel et en me déposant, il me dit qu’il passera me prendre demain matin à 8 heures 30.
- « Give me five mate! And see you on tomorrow ».
Nous nous tapons dans la main, et je rentre dans l’hôtel.
Pas de surprise : toujours autant de messieurs avec des jolies filles.
Je monte dans ma chambre, me déshabille, enfile mon vieux débardeur de GI Joe acheté dans un surplus US, me brosse les crocs et m’affale sur mon plumard. Demain il fera jour. Je règle le réveil sur 7 heures.

[to be continued]
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